Levés à 6h, ils montent tous avec un camion au col de Tentes pour y déjeuner pendant que j’émerge et mange sur place. Une même destination au programme – la Brèche de Roland – mais par différents itinéraires pour différents états de forme.
Le village est bien vide en cette heure matinale, mais il fait déjà doux. Je monte sur la gauche après le camping, direction le refuge des Espuguettes, et commence à pester contre le manque de balisage : 1 panneau en bas puis pas un seul trait de peinture pour s’y retrouver dans le dédale de sentiers en sous-bois. Heureusement que j’ai le gps et la carte, mais je m’énerve et termine dans les broussailles plusieurs fois.
Je finis par déboucher au bon endroit et commence à émerger de la forêt. Une belle vue se dégage sur les montagnes alentours, pas encore toutes éclairées par le soleil. Un peu avant le refuge, je file à droite en direction d’un chemin en balcon passant sous les falaises. Certaines contiennent des voies d’escalade en toit.
Je rejoins l’entrée du cirque et m’y engage, seul au milieu de cette immensité. Je me perds à nouveau en cherchant le sentier permettant d’en sortir par le haut. Je vois bien où je dois me rendre, mais pas la sente qui rejoint ces lacets. J’en termine une fois de plus en traversant droit dans le pierrier, et rejoins le passage des « échelles ».
Il est là bien indiqué par où il faut passer, ce qui est rassurant étant donné que c’est de la crapahute. Les bâtons sur le sac, je m’engage en m’aidant des mains. C’est assez aisé, il faut un peu lire la paroi par endroits pour trouver le passage le plus facile. Ça me rappelle les séances d’escalade plus jeune. Je suis content de n’avoir le soleil qu’une fois en haut de cette section.
J’y double 3 personnes et débouche sur le plateau, au-dessus du niveau de départ de la cascade. Le sentier normal reprend ses droits au milieu du pré et des iris bleus.
Plus je monte et plus ça devient minéral, avec des restes de neige par endroits. C’est juste magnifique ces teintes de roches et ces ressauts. Quelques troupeaux de moutons avec leur dos peint en couleurs pour différencier leur provenance. La brèche se dévoile un peu, avec la file de monde qui y monte, partis du parkings qui la rend assez accessible.
Le refuge de la Brèche est en grands travaux. Je tombe sur toute la famille qui descend le dernier névé, sacré timing. Etant en forme, je vais continuer ma boucle complète et redescendrai jusqu’au village, sans profiter du taxi.
L’ascension débute par une pente de gravier qui glisse un peu jusqu’à un ressaut, qui offre une belle vue sur la brèche. Puis un grand névé entrecoupé de passages rocheux. Il y a tant de passage dans les deux sens que la trace est lisse, sans marque ni marches. Il faut être prudent et avoir des bâtons. On avait prévu les crampons mais ils ne sont pas nécessaires.
On y croise tout sorte de personnes, dont certaines ne semblent pas avoir conscience des risques de la haute montagne, c’est un miracle qu’il n’y ait pas d’accident sur l’heure que me prend l’aller-retour. Petites chaussures, pas de bâton, caniche sous le bras, ou encore un père avec un bébé en ventral, un bon sac sur le dos, et une corde à la main pour sécuriser ses deux autres enfants…
La montée se fait assez bien, la descente est plus longue car j’y croise plus de monde. Ça reste tout de même un superbe endroit malgré cette fréquentation.
De retour au refuge, je prends le sentier pour rejoindre le Port de Boucharo en passant par un très beau cirque de roches orangées traversé par un torrent. Il faut grimper sur ces bosses rocheuses pour le traverser, ce qui n’est pas aisé pour tous les randonneurs, mais super ludique pour moi. Un grand vent nous accueille au col, une nouvelle fois à la frontière espagnole.
J’entame ma descente dans la vallée des Pouey Aspé, tout en me cherchant un coin au calme et à l’abri pour pouvoir manger. De grosses rafales m’y surprendront plusieurs fois. Cette descente vers Gavarnie est bien jolie avec le paysage qui se transforme : cascades, torrent, prairie, retour des arbres, rochers avant de plonger vers le village, avec vue sur les balcons du matin.
Il n’y a encore personne au camion quand je rejoins le parking. J’enfile les tongs pour aller chercher quelque chose de frais à boire et tombe sur les frangines qui ont pris le même chemin que moi un petit peu plus tard, et ont eu la même envie une fois arrivées en bas. Il faut dire que la chaleur est étouffante.
Pendant que je leur raconte ma sortie et mes déboires devant l’office du tourisme, une personne s’immisce dans l’échange pour me dire qu’ils manquent sûrement de bénévoles pour baliser. On est bien loin des Alpes où les sentiers de randonnée ont des traits de peinture très régulièrement.
Rafraîchis, on monte en direction du col de Tentes se poser plus au frais (37° > 34°) pour finir la journée et y passer la nuit. Ce sera un parking à mi-hauteur. Des troupeaux de vaches descendront dans la soire, passant tout autour des véhicules et sur la route, de toutes les robes.