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Infernio

by François

L’une des plus belles et plus horribles sorties des vacances.

Départ bien au frais dans l’ombre, en suivant le Rio Caldarés et le GR11, traversée de Pyrénées côté Espagne. Il y a un peu de monde que l’on double dans la forêt, au milieu des pierres. De belles cascades émaillent le sentier et la végétation se fait de plus en plus éparse au fil de la montée alors que l’on sort au soleil, juste avant le ressaut du premier lac à côté du Refuge de « los Ibones de Bachimana ».

On pousse jusqu’au lac au-dessus pour attendre les parents, qui ne feront qu’un aller-retour. Un fort vent nous accueille, nous obligeant à remettre une épaisseur. Mais la vue est splendide.

On poursuit l’ascension, toujours sur le GR et le long du torrent, que l’on traverse plusieurs fois à gué. Il nous amène à d’autres lacs, l’un offrant une eau trop limpide pour que Claudie ne s’y baigne pas. C’est impressionnant et magnifique d’avoir tous ces hauts sommets de roche au-dessus de cette eau.

Le terrain se transforme pour nous offrir une fin d’ascension dans un immense pierrier parsemé de quelques petits névés. La trace est heureusement assez bien marquée par tout le passage, mais quel contraste de passer au tout minéral.

En passant le col de l’Infierno, on débouche sur un lac type « de cratère » (Ibon de Tebarray), lieu parfait pour faire la pause de midi. Le sentier emprunté par le GR11 file sur la droite, à flanc dans le pierrier afin de grimper à un col, et ne doit pas être simple à gérer avec les gros sacs !

On pensait bien profiter de la pause, prendre notre temps, mais c’est sans compter sur le vent qui fait son retour. On grimpe dans le pierrier pour rejoindre un autre versant, choisissant la trace en fonction de la difficulté. On débouche alors sur un beau paysage, mais surtout sur une « crête » qu’il va falloir suivre pour continuer la boucle. Les bâtons sont vite rangés sur le sac pour avoir les mains libres, ça va être une sacré crapahute qui nous attend.

Je bénis le vertige qui a décidé de me laisser cette année, sans quoi j’aurai dû faire demi-tour ici. Je ne suis tout de même pas aussi à l’aise que les deux chèvres des montagnes qui m’accompagnent. Le sac provoquant une certaine gêne, j’ai tendance à m’incliner côté falaise, perturbant un peu moins équilibre. Mais ça passe plutôt bien, même si je ne m’attarde pas non plus pour admirer le paysage ni prendre des photos.

Une longue section, à la délimitation entre l’immense dalle blanche et le rocher plus aggloméré, se fait sans les mains, avant de rejoindre un collet en mode semi-escalade à nouveau. Je crains les courbatures aux bras de m’être agrippé au rocher. Je regrette plusieurs fois d’avoir changé de chaussures, la semelle des XT7 n’accroche pas aussi bien que la semelle Vibram de mes vieilles New Balance. Et les gros crampons qu’elles arborent sont même parfois une gêne, s’accrochant aux aspérités.

Une belle vue sur les prochains lacs, mais le sommet n’étant qu’une centaine de mètres plus haut, on pousse jusque là, toujours en grimpette. Et on fait bien : superbe vue à 360°. La France toujours sous une bonne couche de nuages. Je laisse les filles poursuivre la crête jusqu’au sommet principal (Infierno Central) pendant que je les filme depuis l’Infierno Occidental, à 3.073m. Bien content d’avoir réalisé un nouveau 3.000 cette année !

La descente au petit col se fait sans soucis, face au vide. C’est la suite qui se corse, car même si l’on a suivi le sentier qui en part, il devient vite invisible et nous laisse le choix de l’itinéraire de descente. On se retrouve à tracer notre chemin dans un immonde pierrier, en surveillant que l’on ne va pas se retrouver au-dessus d’un bout de falaise. Les pierres roulent sous les pieds, la roche râpe nos paumes de mains, c’est vite usant.

On en termine sur un névé tout au fond avant de remonter au niveau des lacs vus plus haut, où l’on se pose pour grignoter. En vérifiant sur la carte, il aurait fallu descendre le long de la crête plutôt que de suivre le goulet entre les différents types de roche, mais sur site, aucune trace pour nous l’indiquer.

Le sentier apparaît pour disparaître juste derrière au milieu des pierres, on sait juste quel col viser pour basculer à nouveau sur notre vallée plus accueillante. Une petite gamelle pour moi, heureusement sans conséquences. La cheville et le genou vont juste me rappeler ce choc à mon bon souvenir pendant 2 jours.

Mauvaise surprise arrivés au col, le pierrier va nous suivre encore un petit moment, environ 1.100 m de dénivelé. La seconde moitié aura un vrai sentier, mais toujours au milieu des pierres parfois instables, quand ce n’est pas une infâme poussière glissante qui s’élève assez haut sous nos pas. Il y a heureusement une belle vue sur le lac juste à côté de notre parking, nous offrant un bon point de repère.

On est bien content de rejoindre la cascade qui clôture notre descente, et gardera plus en mémoire toute la montée jusqu’au sommet !

Après une bonne douche et un peu de repos, on décide de rester une nuit de plus ici. La fatigue se fait ressentir à divers degrés chez tout le monde, et le temps côté français n’est pas engageant. Ils vont rentrer tranquillement chez eux en plusieurs étapes touristiques, comme à l’aller. Je préfère de mon côté filer sur Lyon pour me reposer un peu (avec un vrai lit) avant d’aller voir ma mère quelques jours, et y décider du programme des dernières semaines de vacances.

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