Notre dernière journée complète sur l’île commence très tôt : lever à minuit et demi, après un couple d’heures de sommeil. Mais le jeu en vaudra la chandelle avec le lever de soleil depuis le sommet de l’île.
La montée en voiture jusqu’à la caldeira et le Sendero de Montaña Blanca se fait presque seuls, en croisant seulement quelques personnages nocturnes, et un certain nombre de lapins traversant la route devant nous. Malgré l’heure matinale (presque 2h), le petit parking (12 places) est déjà plein. On doit trouver un endroit pour faire demi-tour et aller se garer au mirador précédent, heureusement assez proche.
Départ bien couverts et avec les frontales après avoir mangé un morceau (j’avais juste pris un thé à l’appart, le repas de la veille toujours en digestion seulement 3h après l’avoir mangé), on retourne au parking de départ par la route en admirant le sublime ciel étoilé : pas un nuage et assez peu de pollution nocturne. Ce sera un plaisir d’en profiter toute la montée et une fois posé en haut.
La sortie débute par une belle portion de piste de gravillons blancs en lacets, plutôt tranquille niveau pente. On avance d’un bon pas mais c’est un peu déprimant de voir le dénivelé qui nous reste à grimper en arrivant au sommet de cette Montaña Blanca, grosse butte blanche au pied du Teide.
On entame alors les premiers lacets du reste de l’ascension, sur un sentier là encore creusé de très belle manière dans la lave et les éboulis. Il n’y aura pas trop à chercher son chemin et c’est tant mieux : je ne me sentais pas de jardiner à la frontale à ces heures-là. On monte d’un bon pas, la fatigue des jours précédents ne se faisant pas trop sentir, doublant certaines des frontales (et les personnes qui les portent) que nous voyions au-dessus de nous.
On passe à côté du Refugio de Altavista, malheureusement fermé depuis quelques temps, à 3.260m d’altitude, dépassant déjà le plus haut où je sois monté. L’ascension se poursuit, toujours à un bon rythme jusqu’à la gare de téléphérique située à 3.555m. L’addition de la fatigue de la semaine, du dénivelé déjà fait, du manque de sommeil et de l’altitude commence à faire son effet, et les presque 200 derniers mètres sont gravis d’un pas moins assuré pour moi.
Mais on arrive au sommet, à 3718m ! Le fait de grimper sans voir plus loin que le bout de sa frontale aura rendu l’ascension plus facile. Même en sachant qu’il y a pour 1400m, le fait de ne pas voir physiquement cette face devant nos yeux la rend moins tangible et plus digeste.
Il est encore tôt, car nous avons mis moins de temps que prévu pour monter, on s’habille donc chaudement et se cale à l’abri du vent et des volutes de souffre émanant du volcan. Cela ne nous empêchera pas d’avoir un peu froid et de grelotter. On a croisé des évents de chaleur, brûlant à leur sortie, dans la partie finale de l’ascension, que l’on aimerait bien avoir sous la main maintenant. On profite du ciel étoilé et découvre l’empreinte lumineuse humaine un peu tout autour du littoral de l’île, et sur ses voisines au loin.
Le ciel débute son lent changement de teinte jusqu’au lever du jour, rythmé par l’arrivée de plus en plus de monde. Ça devient un peu la cohue, avec les frontales qui nous éblouissent et ceux qui s’installent entre nous et l’est. Flo trouve une place un peu en-dessous et l’on s’y cale pour apprécier l’apparition de l’astre du jour. Un moment magnifique, comme toujours.
On récupère nos affaires pour descendre jusqu’au téléphérique avant que tout le monde ne décale, prenant juste le temps d’immortaliser l’impressionnante ombre triangulaire du volcan. Ce sera le début de la découverte en plein jour du sentier que l’on a gravi pour arriver là, à commencer par celui bien raide de la portion finale. Point de garde à cette heure-ci pour vérifier notre permis d’y grimper (il faut réserver à l’avance, l’accès au sommet étant limité en journée).
Petite pause casse-croûte (et technique) avant de se lancer dans le sentier retour. Le décor est magnifique mais les jambes commencent à réclamer du repos. Ce sera un peu rude pour moi, utilisant pas mal les bâtons pour amortir les chocs. La portion de piste nous paraîtra interminable malgré la vue, la chaleur n’aidant pas.
On tente d’éviter la route par l’un des sentiers du parc qui la longe, mais on termine tout de même par quelques hectomètres d’asphalte : du plat sous nos pieds s’il vous plait ! C’est fatigués mais ravis que l’on pose nos affaires à la voiture et grignote un peu, entourés de gros lézards pas farouches très friands de nos miettes.
Direction le Nord de l’île maintenant, pour visiter La Orotava qui vaut le coup il paraît. Bien contents de n’avoir que de la descente, la voiture consommant beaucoup, surtout avec ces dénivelés, et ayant un réservoir minuscule. Le plein d’essence, toujours surpris qu’il y ait des pompistes et qu’ils ne nous laissent pas faire le plein tout seul, avant d’entrer dans la ville et trouver à se garer. Les rues sont sacrément en pente ici.
Début de la visite à pieds, en allant dans la direction générale des restaurants repérés par Flo. Il est un peu difficile de les trouver car il n’y a quasiment aucune enseigne à l’extérieur. C’est top car ça ne gâche pas la vue, mais ça implique qu’il faille savoir à l’avance où l’on souhaite manger.
On finit par trouver El Cotilleo de la Villa, dans la cour d’un grand bâtiment. Premiers clients du midi, on peut se choisir une table au calme et à l’ombre dans cette cours impressionnante, plantée d’immenses palmiers et avec son petit jardin en contrebas. Au menu ce sera poulpe pour Flo et un plus classique « saumon sauce deux moutardes » pour moi, accompagnés de pommes de terre cuite en croûte de sel. On se régale et profite des lieux.
Petite balade dans la ville pour voir les bâtiments aux couleurs vives, les places et jardins, les balcons divers. Il y a des coins bien jolis, mais ce ne doit pas être agréable à vivre dans le centre avec ces pentes et ces rues en pavé de partout.
Retour à la voiture pour une heure de route sur la voie rapide pour rentrer, avec un petit détour par la boutique de location de vélo, Flo ayant oublié de récupérer ses pédales automatiques en rendant le vélo la veille au soir. Il semblerait qu’ils aient reloué le vélo et ses pédales dans la foulée et lui en rendent donc d’autres.
Petite baignade dans la piscine et un peu de repos avant d’aller manger au restaurant. On est tout de suite placé mais il faut les appeler pour qu’ils prennent notre commande, et le lancement du service sera assez long. Heureusement on se régalera là-encore : Boulettes de viandes puis salade de la mer pour moi (thon, saumon, crevettes et crudités), Soupe du chef et ragoût de la mer pour elle. Un vrai délice.
La fatigue a finit par nous rattraper pendant le repas et l’on file directement au lit pour une bonne nuit de sommeil après cette presque double journée.