La journée débute par 500m d’ascension bien raide (sur une distance de 1,5km). Les filles partent devant à leur rythme. C’est toujours plein de caillasse et il faut bien choisir sa route pour trouver les plus petites marches. L’une de mes branches de lunettes se détachent lors d’une petite pause et pas moyen de la remettre. Je suis obligé de les ranger pour ne pas les perdre. On se retrouve à la Bocca (col) Stazzunara, où elles réalisent une opération de précision à base de sparadrap pour rattacher les branches (la seconde est tombée entre temps).
On prend une nouvelle fois une variante, pour éviter de passer par la nouvelle étape à Matalza. Cela nous fait grimper le mont Incudine, juste au-dessus de notre col sans trop rallonger l’étape. Le sentier sera balisé en rouge/blanc en plus du jaune, toutes les marques de l’ancien GR n’ayant pas été recouvertes. On est vite au sommet : vue à 360° avec la mer des deux côtés, les aiguilles de Bavella et la crête que l’on va suivre aujourd’hui.
Débute une longe traversée de plateau en descente. On retrouve heureusement une sorte de sentier à vaches qui permet de reprendre un bon pas stable. Très peu de végétation sur toute la partie haute, on retrouve quelques arbres en redescendant en altitude. Atteinte du Forcinchesi à l’eau glaciale, où l’on ne fait que se tremper les pieds. On le traverse via une passerelle assez souple, et juste assez large pour passer avec les gros sacs. La suite est bien plus champêtre avec la traversée de multiples ruisseaux, au milieu d’une herbe moussue bien verte. On voudrait se coucher dessus pour faire la sieste.
On pousse au maximum avant de faire la pause pique-nique entre ombre et soleil. Une heure de pause qui fait du bien, et permet de refaire le plein de sel. J’en ai bien besoin vu la couleur de ma casquette : à l’origine dans les marrons, elle se pare de cercles concentriques blancs dus à la transpiration.
Notre variante retrouve le sentier officiel du GR. On s’enfonce en grimpant dans une forêt de hêtres nains pour rejoindre l’arête a Monda, sur laquelle le sentier va jouer, passant d’un côté à l’autre, suivant son profil bosselé. C’est assez fatigant, surtout quand il faut passer avec les gros sacs. Il y a énormément de lézards ici, de bonne taille et pas très peureux. On apprécie toujours autant l’adhérence des semelles sur la roche, le sentier n’étant pas souvent de niveau. C’est presque un peu de l’escalade par moment, mais heureusement pas vertigineux pour un sou.
On aperçoit enfin le refuge à flanc de montagne, avec déjà de nombreuses tentes, et que l’on rejoint via une dernière descente. Je valide notre réservation pendant qu’elles cherchent de la place. Heureusement que l’on n’arrive pas trop tard, presque tous les emplacements plats sont déjà pris. On en trouve un correct pour la tente de Claudie et un autre plus galère d’accès (et avec des odeurs pas nette, merci les randonneurs qui ne veulent pas patienter pour aller aux toilettes). On n’a pas trop à se plaindre quand on voit les tentes en pente de certaines personnes arrivées plus tard. Et dire que ce n’est pas la période la plus chargée.
Les installations ne sont pas toutes neuves. La porte en bois de la douche ne tient plus sur ses gonds et les planches se délitent. Il faut la soulever et la caler pour la fermer. Les toilettes sont à peine mieux, sans ouverture pour laisser entrer la lumière ni loquet pour les fermer. Le tuyau d’évacuation semble se déverser tel quel une dizaine de mètre plus loin. Heureusement qu’ils construisent de nouveaux locaux, en espérant que c’est bien pour remplacer les anciens.
Petit craquage à l’épicerie du refuge mais on en a besoin : saucisson, quart de pastèque et biscuit « savane » pour améliorer le goûter et le repas du soir.
La nuit sera assez tranquille. Il n’y aura pas d’odeur une fois le soleil couché, et l’on est dans un recoin bien protégé. Personne ne doit passer à coté de nos tentes et l’on n’entendra pas le départ des randonneurs matinaux.